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Heures d'ouverture
Jeudi, Vendredi, de 14h15 à 18h
Samedi de 10h30 à 16h30
Dimanche ouvert selon les expositions
Programme: exposition à venir – expositions passées
jusqu'au 8 avril 2023

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Marie-Christine Raboud has been the director of « Galerie Cathédrale » since 2011. The gallery was established in 1966 and was previously run by the family of the renowned painter Charles-Clos Olsommer.

Mme Raboud represents local artists as well as international ones. She endeavours to create a space for their artworks to be shown in the beautiful premises here in Fribourg.

« Galerie Cathédrale » is launching a new programme for 2023. The artworks presented will communicate a sense of wonder and invite the viewers to a contemplative experience in order to contribute to a personal spiritual dimension.

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Georges Savoy
Femme I.
Encre et peinture au doigt
Georges Savoy Ange.
Acrylique, crayons aquarellables, encre et marouflages

OUVERTURE
du mercredi au vendredi de 14h à 18h30
Samedi de 10h30 à 16h30
dimanche de 14h à 17h
Et sur rendez-vous
079 706 36 01

Pour Georges Savoy

à l’occasion du vernissage son exposition à la Galerie Cathédrale, le 18 mai 2023, jour de

l’ascension.

J’ai dû faire ta connaissance un jour d’août 2006. Je venais de soutenir ma thèse de doctorat

en philosophie à Lausanne. Je ne connaissais quasiment pas Fribourg et encore moins le Collège St-Michel. Je m’engageais avec beaucoup de doutes dans une formation pédagogique en vue d’enseigner la philosophie dans les Collèges ou Gymnases de la Romandie.

Ce fut un choc : des confessions marquant la manière d’être et de vivre au quotidien, donc

aussi des cultures, enfin, dans le domaine restreint de la philosophie, des curriculums.

Mais le choc a très rapidement cédé le pas à une véritable rencontre avec… le Collège St-

Michel, avec ses officiels comme ses officieux. Tu as été l’un des principaux officieux. Officiant en

officieux, tu as pris part à ce qui s’est avéré être sans aucun doute l’une des grandes chances de ma vie.

Que m’as-tu apporté ? J’ai trouvé chez toi :

– une parole qui sait garder le silence ;

– une écoute qui sait accueillir l’autre en tant qu’autre ;

– une rugosité qui sait exposer sa tendresse ;

– une liberté qui sait faire le vide, j’entends celui qui dimensionne

spatio-temporellement le surgissement de l’existant ;

– un art socratique de l’antipositivité de la philosophie :

celui d’inviter — , par le souffle de la pensée qui met en question

parce qu’elle est elle-même mise en question, — chaque humain

qui t’es confié à être soi même.

– un enseignant qui est conscient qu’enseigner n’est pas le

contraire d’apprendre, mais ne consiste en rien d’autre que ceci :

apprendre à faire apprendre.

À ta manière, envers et contre tout (au vu des nombreux obstacles qui ont jalonné ton chemin

jusqu’à toi-même, à partir de ce au sein de quoi tu as été jeté), tu es parvenu à ta singularité, — une véritable singularité, ne consistant pas à cultiver son petit moi, dont il s’agirait de faire l’autopromotion sur les réseaux antisociaux, mais à entrer en rapport, toujours à la première personne, à nul autre pareil, avec ce qui est. La manière dont tu tiens dans l’être nous montre comment personnel et universel ne sont pas le moins du monde incompatibles mais directement proportionnels. C’est aussi ce dont témoignent les oeuvres nous rassemblant cet après-midi à la Galerie Cathédrale. En donnant le là (l’espace ouvert où ce qui est présent et absent peut devenir une chose dans un monde pour l’homme) dans l’art choral, en étant le là pour les autres dans l’enseignement, en espaçant picturalement le là que tu es appelé à être, en temporalisant le là dans le récit de soi et

l’accompagnement des autres, en étant là du tout autre dans l’herméneutique biblique et la prière, tu traces des sillons inapparents, tu creuses des galeries plus ou moins souterraines entre parler, peindre, lire, écrire et chanter, entre les arts et les sciences, entre croire et savoir.

*

Si l’art est la mise à l’abri dans une oeuvre d’une vérité, quelle est cette vérité qui nous vient

dans les oeuvres ici exposées ? Prétention du philosophe qui aimerait rendre raison de l’art au péril de détruire l’énigme qui fait absolument corps avec lui. Restreignons-nous à faire signe vers une possibilité : ce qui est ici mis à l’abri dans ton travail, ce sont tes traversées —, tus travesías en espagnol, — les passages qui ont rythmé ta vie : les allers-retours de la parole abritée dans la lettre à la couleur, du masculin au féminin, du soi à l’autre, de l’inconscient au conscient, du cerveau à l’esprit, du corps à la chair, de l’enfance : la commencement de la fin à la vieillesse : la fin du commencement, du temporel à l’éternel. Mû par les attraits des allers et retours successifs, des approximations en spirales extensives et intensives, tu passes et ainsi repasses, couches après couches sur ces chemins qui n’existent que si l’on se met soi-même en chemin (Machado : Caminante, no hay camino; se hacé camino al andar). Ainsi es-tu un penseur, c’est-à-dire un passeur. Wege — nicht Werke (Heidegger) —

pas d’oeuvres (plus d’oeuvres ?), des passages ou peut-être des oeuvres-passages.

Dans ces passages, tu dépayses et repayses aussi ; oeuvre de paysan, habitant d’un pays qui

n’est qu’un voeu de l’esprit (Char). Paysan du rien d’étant qu’est l’être, tu y laboures la langue afin qu’un jour y germe une parole. Tu es un poète.

En tant que poète, tu es croyant, ménageant un lieu pour le sain et sauf — contre toute

tentation néfaste de prendre part à la puissance institutionnalisée du Pouvoir.

Écoutons à ce propos ce que dit C.-F. Ramuz dans son Journal en 1939 (p. 285):

Est-ce que le poète doit obéir au mot d’ordre ? est-ce qu’il doit se laisser

commander ? Il faudrait d’abord tâcher de savoir ce que c’est que la poésie.

On prend ici le mot, bien entendu, dans son acception la plus large et il est bien

entendu qu’il se trouve ainsi recouvrir, non seulement ce qui est écrit sur du papier,

peint sur la toile ou taillé dans la pierre, ce qui est enregistré, mais encore ce qui est

épars à l’état latent, et non formulé ou pas formulé encore, dans le coeur des hommes ;

mais alors qu’est-ce qu’il signifie, ce mot ? […] Est-ce qu’il ne faudrait pas voir, peutêtre,

tout au fond, encore qu’on reste vague et approximatif, que ce qu’on appelle la

poésie c’est le sens du sacré ; le besoin, une fois le sacré perçu, d’y faire participer

autrui dans tout ce dont la poésie s’occupe, être et choses, les plus humbles comme

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les plus hautes, car le sacré est partout ou n’est nulle part ? Et qu’est-ce à dire sinon

que toute poésie est religieuse, que toute poésie est une espèce de religion ; et, si ce

n’est pas le lieu de rechercher quels peuvent être ses rapports avec la religion ou les

dogmes proprement dits, c’est bien ici l’occasion d’insister sur l’espèce de liens qu’elle

suppose, tout intérieurs et fugitifs, entre l’homme contenu et son contenant, entre

l’homme créature et le monde créé.

Ramuz a-t-il raison de dire que la poésie est une espèce de religion ? Ne faudrait-il pas aller

jusqu’à dire que la religion est une guise de la poésie ? Toujours est-il que ce qu’écrit ici Ramuz entre,

me semble-t-il, parfaitement en résonance avec ce que tu incarnes, ces liens tout intérieurs et fugitifs

qui font ce que tu ne cesses de devenir. L’on dirait vraiment que c’est écrit pour toi.

Il y a un autre passage d’un autre texte de Ramuz qui me fait aussi beaucoup penser à toi et à

ton travail et c’est sur celui-ci que j’aimerais conclure ces quelques mots que je t’adresse. Il est tiré du

Grand Printemps (p. 26sq) :

On commence à voir que tout le monde est avant tout un artiste et ne vit que

par là. Jusqu’à l’amateur de vins ou de cuisine, savourant, dégustant, et puis faisant

claquer sa langue : quelque chose brille dans ses yeux : il vit, il a du plaisir. Il y a un

contact direct entre lui et les choses. Je cherche la raison profonde de ce que je fais ;

je commence à voir, mais vois de mieux en mieux, que cette raison est dans le plaisir

que je trouve à faire et la raison de ce plaisir est que ce plaisir n’est pas à moi seul. La

force de l’art est de ralliement. La vie n’est la vie que parce qu’elle circule d’homme à

homme et, elle aussi, les rallie. Le devoir est une chose à quoi on se force ; là où est le

plaisir il n’y a pas seulement consentement, il y a élan, don de soi, oubli de soi, appel

à autrui, rapprochement, salutation.

Salut à toi, mon ami Georges et merci d’être ce que tu deviens.

Emmanuel Mejía

17-18 mai 2023

PS: la galerie s’excuse pour les différences de mise en page d’avec l’auteur, Emmanuel Mejia.

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De 2011 à 2015, la galerie a exposé les œuvres d’une quarantaine d’artistes, dont

André Sugnaux, Gilbert de Weck, Roberto Bort, Emerith Bächler, Françoise Ménétrier, Beatrice Baumann, Michel Rauscher, Marcel Weber, Gennaro Scarpetta, Xiaoyang Galas, Teofilia Juravle

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De 2016 à 2022 :

Sorin Purcaru, Pascal Bushayija, Sergey Dubroff, Rodica Costianu, Florian Crihana, Bernard Bailly Janet Bailly, Iris Dwir Goldberg, Elisabeth Macheret-Van Daele, Salam Ahmad, Yidian Dong, Aline Costa Miguel, Sylvain Bouillard, Julien Guélat, Julien Carpi, Nathalie Duc, Inès Igelnick, Orly Rosenzweig, l’Art Nouveau – Art Deco

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